Le piano au cinéma, bien plus qu’un instrument
Jeudi 30.01 | 14h30
Le piano accompagne les premiers pas du cinéma ; dans la salle de projection, grâce à ses possibilités polyphoniques et rythmiques, il devient le son et l’animateur tout désigné du film muet. Autour des années trente, avec l’invention de la bande son, il devra céder la place à l’orchestre symphonique, qui disposant des mêmes atouts, peut y ajouter la couleur instrumentale et les effets grandioses. Si ce moment marque la fin d’une relation privilégiée entre le cinéma et le piano, ce dernier, en revanche, se trouve gratifié d’une promotion : il passe de la salle à l’écran. Sa richesse musicale et son implantation dans les espaces privés et publics depuis plus d’un siècle ne manquent pas d’intérêts pour un scénariste. Mais au-delà du prestige de l’instrument, c’est sa capacité d’amplifier l’expression théâtrale que le cinéma pourra exploiter. Dressé comme un miroir émotionnel devant le pianiste, il reflète l’intériorité de celui-ci. Même en mode off, le piano excelle dans l’art de cibler les états d’âme individuels, à la différence de l’orchestre symphonique, irremplaçable pour soutenir l’action ou créer une atmosphère. Qui s’étonnera que ce meuble, relativement imposant à l’écran et vibrant de tant de passions, puisse être hanté par celles-ci jusqu’à se muer en personnage, en être sensible ; tel un acteur, le piano sera mis en valeur, dans la ligne de la richesse musicale qu’il incarne et tel un héros, il sera confronté au péril et aux situations les plus improbables, ou les plus drôles.